© photos JSBJ
Vendredi soir avait lieu au BAL la conférence Le livre d'artiste : une nouvelle donne ?
Laurence Vecten (Éditeur/PIY), Remi Coignet (Critique), Nicholas Calcott (Éditeur/Artiste/LE GARAGE), et Joachim Schmid (Éditeur/Artiste) étaient invités à discuter autour de ce thème par Sebastian Hau qui gère la libraire du BAL.
Les échanges ont été plutôt intéressants, et certains intervenants ont vraiment bien saisi et explicité les enjeux nouveaux qui accompagnent l'engouement actuel pour l'auto-édition. Il n'y a pas si longtemps, j'ai pu m'agacer de voir se multiplier des projets d'éditions qui se réclamaient faussement du "fanzine" ou du "DIY" alors même que le produit final s'y opposait tant dans son esprit général que dans sa forme, mais je crois aujourd'hui qu'il faut au contraire se réjouir de la multiplication de ces projets. Comme l'a très justement rappelé Rémi Coignet, plus il y aura de livres et plus il y aura de choix, et chacun pourra s'arrêter sur les projets qui l'intéresse.
Il a aussi été question (comme souvent maintenant) du numérique VS le livre, à savoir si l'Ipad allait "tuer" le livre. Question pertinente mais déjà largement discutée il me semble, d'autant que l'émergence de nouveaux médias à déjà, par le passé, donné lieu aux mêmes débats (la TV tue la radio ? / internet tue la TV ? etc.)
Comme l'a également souligné Rémi Coignet, le numérique permet justement de créer plus de livres. Il est clair que l'effervescence actuelle autour de l'auto-édition en photographie ne date pas d'hier, et c'est d'ailleurs pourquoi je trouve erroné le titre de cette conférence. Il ne s'agit pas vraiment d'une nouvelle donne mais plutôt d'une évolution, évolution permise entre autres par le développement des technologies numériques : Facebook / Flickr et les autres sites du genre permettent une interaction assez incroyable avec des tas de passionnés et d'amateurs de livres / photos, on échange des fichiers scannées en quelques secondes partout dans le monde, les projets collectifs sont ainsi beaucoup plus aisés, au sujet de l'impression, on envoie un PDF à une imprimerie de chez soi puis on est livré quelques jours plus tard. Le développement des presses numériques a d'ailleurs divisé le cout de fabrication des livres de manière drastiques, ce qui permet justement à des auteurs de publier à compte personnel sans forcément beaucoup d'argent.
Il serait difficile d'avancer une quelconque explication au phénomène qui a traversé 2010 (multiplication des rdv liés au livre photo + émergence de nouvelles maisons d'éditions + nouveaux projets collectifs etc.), mais je crois qu'on peut tout de même évoquer la concordance de plusieurs facteurs cette année: la photographie est largement pratiquée aujourd'hui, sous des formes très diverses, et beaucoup de gens (très différents) s'y intéressent. La photo, en tant que medium et objet d'art, évolue aussi. De plus, avec le développement des réseaux sociaux, on voit immédiatement qui fait quoi, et on a accès à des centaines de publications de chez soi. Aussi, plus on s'intéresse à une activité , plus on souhaite y prendre part, et comme les outils de mise en page sont désormais connu de la plupart des photographes, les livres sont réalisés rapidement, parfois au détriment du projet dont ils sont sensés être porteurs. Après il y a aussi une question d'ego, et de croyance partagée en la qualité d'un livre / d'un travail / d'une publication en général. C'est la sempiternelle question de savoir "si tout doit être publié", question évoquée également vendredi soir.
J'ai cherché à enregistrer la conférence mais, malheureusement, la salle est très mal insonorisée et la plupart des gens présents se sont jetés sur les premières chaises disponibles, j'étais donc tout au fond sans possibilité de bien enregistrer les débats. Néanmoins je laisse à votre disposition deux fichiers audio si vous souhaitez écouter la conférence :
Infos:
Une exposition de livres d'artistes: "43 livres d'artistes, à l'honneur au BAL" est en libre accès durant tout le week-end au BAL.
1 commentaire:
"plus il y aura de livres et plus il y aura de choix, et chacun pourra s'arrêter sur les projets qui l'intéresse. "
non mais ça c'est carrément débile comme raisonnement !
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