INTENSE PROXIMITÉ | PALAIS DE TOKYO




Profitant d'un laissez-passer gracieusement offert lors d'un concert des excellents JC Satan au Point Éphémère, je suis passé voir le "nouveau" Palais de Tokyo. 

Le bâtiment est très grand, pas mal foutu, et offre de beaux espaces d'expositions. Conçu sur trois niveaux, cette nouvelle version du Palais de Tokyo débute avec une expo fourre-tout baptisée "Intense Proximité".

Pour être franc et un peu cash, il y a vraiment à boire et à manger, et j'ai eu beaucoup de mal à saisir l'évidence de liens et des connexions entre certaines pièces... 


Mais, ça vaut le coup de s'y rendre au moins pour les magnifiques tableaux de Chris Ofili, qui peint à l'huile sur des toiles de lin :




Juste à coté, et on les loupera difficilement, on peu aussi admirer la prouesse technique que sont ces gigantesques tirages c-print de Thomas Struth :






Ce qui est étonnant dans cette (grande) expo, c'est que l'on passe indistinctement de gravures à des photographies, puis à une installation sur un mariage, pour ensuite se retrouver face à de vieux tirages de Levi Strauss... 

Et si j'apprécie toujours la volonté de faire "dialoguer" des domaines et des œuvres éloignés, on se retrouve ici avec une masse incroyable d'objets et de pièces qu'il faut essayer de saisir dans un même ensemble, ce qui ne fonctionne pas vraiment ... 














Parmi toutes les œuvres présentées, il y a quelques objets incroyables comme ce superbe palmier lumineux ou cet incroyable boule de chewing gum en lévitation (d'ailleurs si quelqu'un pouvait m'expliquer...) :








Globalement, l'exposition est assez consensuelle et quelques rares propositions viennent légèrement perturber ce calme plat. Il y a d'abord cette salle au sous-sol où sont diffusées en boucle des images de morts, de kamikazes, de soldats éclatés, déchiquetés. Les images sont d'une rare violence, accentuée par l'utilisation sale du téléphone portable pour capter la scène. 

L'autre proposition qui vient aussi perturber le visiteur, c'est la série des "Les Filles d'Amsterdam" du photographe jean-Luc Moulène, qui présente sur un fond satiné les prostituées des quartiers rouges de Hollande


 




La librairie présente aussi de bons bouquins, avec notamment une sélection pointue de magazines étrangers. 



> Expo visible jusqu'au 26 août 


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AMBIANCE | BENOIT-MARIN BOVIS



Benoît-Marin Bovis, graphiste et passeur de disques, vient d'auto-publier son premier livre de photographies.

"Ambiance" rassemble une sélection de photos prises entre 2009 et 2012 à l'aide d'un "Samsung Player Style édition Cerruti 1881".




Cliquez sur les images pour les agrandir


L'objet, édité à seulement 25 exemplaires, est très soigné. Benoît a fait spécialement venir un papier de Grande Bretagne et a confié la reliure à Frédéric Harnisch (entièrement relié à la main bien sur). 

Le décalage entre la préciosité de cette édition et la nature loufoque et incongrue des images fonctionne vraiment bien. 
Chaque photographie est accompagnée d'une légende qui géolocalise la situation. Le 93 est largement en tête avec des ambiances captées à Saint-Ouen, La Courneuve ou Saint-Denis.

Contact et achat : www.benoitmarinbovis.fr


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SIMON NUNN CARDS




Simon Nunn nous a très sympathiquement fait parvenir ces cartes postales qu'il vient d'auto-éditer.

C'est bientôt le moment d'écrire depuis la plage donc on lui envoie un mail et contre trois pounds on reçoit ce set complet. 

> simon.nunn1(at) facebook.com



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SOMEWHERE TO DISAPPEAR | MAS FILMS & JSBJ



On peut enfin voir "Somewhere to Disappear",  le documentaire d'Arnaud Uyttenhove et Laure Flammarion consacré au travail d'Alec Soth ! On se rappelle toutes les difficultés qu'il y avait pour assister aux rares projections françaises (et à leurs horaires parfois absurdes), et bien tout ceci est fini, grâce à MAS Films et JSBJ qui viennent en effet de co-produire sa version dvd. 

Ce film d'un peu moins d'une heure emmène le spectateur au plus près du travail de Soth (prononcé comme "both") et permet de découvrir l'envers du projet "Broken Manual", lorsque le photographe de Magnum parcourait les États-Unis à la rencontre de ceux qui choisissent de vivre reclus, aux marges de la société, de "disparaitre".




Il y a deux choses dans ce projet : le film et l'objet édité. 

Le documentaire est vraiment intéressant en ce qu'il permet de voir un professionnel "au travail", sur son propre terrain. C'est sans doute une remarque un peu geek, étant à titre personnel sensible à ce genre de choses, mais je crois malgré tout que peu de documentaires témoignent aussi bien de la façon dont ces artistes travaillent. En général, on a droit à une énième compilation des meilleurs clichés ou de "l’œuvre" d'un photographe, lui-même assis dans un fauteuil et qui livre des commentaires rétrospectifs sur sa carrière.

Somewhere to Disappear est différent, et les deux réalisateurs sont littéralement embarqués avec Soth sur les routes US. 

Ce qui est aussi assez incroyable quand on connait le travail de Soth, c'est de voir les modèles de ces photographies se mettre à bouger et à parler ! Le film retrace en effet de nombreuses rencontres et certains personnages sont devenus (malgré eux) des figures emblématiques de son travail. C'est notamment le cas avec un individu (suprématiste) qui vit dans une grotte, et dont la photo le présentant nu est aujourd'hui très connue : 



   

On regrettera malgré tout une écriture un peu répétitive, sans véritable début ni fin. Les rencontres s'enchainent à grande vitesse et donne l'idée d'une quête évidente, linéaire. 
Le film s'achève comme il a commencé, sur la route, et je trouve dommage qu'on n'y retrouve pas l'idée d'une véritable fin, celle d'un projet achevé.

On passe aussi trop brièvement sur des groupes ou individus singuliers qu'il aurait été intéressant d'entendre. Je pense à ce groupe de "hobos", à moitié hippies-rastas, et que l'on ne fait qu'entrevoir quelques secondes. 

Il y a aussi un gros souci de son, qui oblige à mettre le volume à fond. Je ne sais pas s'il s'agit d'un problème technique propre à mon matériel, mais j'ai trouvé ça plutôt étonnant.

Ces remarques ne doivent en rien laisser penser que ce documentaire ne vaut pas le coup ! Je trouve le projet plus qu'intéressant et je me mets à la place de Laure et Arnaud qui ont du vivre des choses incroyables aux cotés d'Alec Soth. 







Le design du dvd a été confié à JSBJ, qui signe ici son dernier projet sous ce nom. Édité à seulement 600 exemplaires, le package en carton sérigraphié est très réussi, et la couverture typo du plus bel effet. 

C'est un bel objet qui laisse toutefois planer un léger vide après ouverture...  en effet, une fois déplié, le carton laisse place à un cd blanc accompagné d'une publication de 20 pages sur papier journal et d'un tirage photo (dont je ne suis personnellement pas fan de la finition très brillante, en décalage avec le coté brut du packaging).

Je ne prétends pas qu'il "manque" des choses, mais le format et le pliage du carton font que cet intérieur paraisse quelque peu démesuré. 

Le journal, imprimé en quadri mais qui ne présente pourtant qu'une image couleur, est fait de captures extraites du film lui-même ou de photographies signées des réalisateurs.


Il ne fait aucun doute que ce projet sera prochainement épuisé. Je Suis Une Bande de Jeunes a l'exclusivité de sa distribution et seuls quelques exemplaires seront disponibles dans leurs points de ventes habituels. 

Le dvd coûte 30 euros + port.
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FP&CF INTERVIEW FOR THE GREAT LEAP SIDEWAYS



Le site The Great Leap Sideways vient de mettre en ligne un entretien entre Stanley, Claire et moi-même.

A lire en anglais sur The Great Leap Sideways.


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STAGE AU CENTRE D'ART ET DE RECHERCHES GWINZEGAL



Sur invitation du Centre d'Art et de Recherches Gwinzegal, nous animerons un stage de trois jours en septembre prochain autour des thèmes de l'auto-édition et de la micro-édition.

Il s'agira de confronter les travaux photo de chacun des participants pour produire nous-mêmes une édition lors de ce stage.

PDF à télécharger ici : www.gwinzegal.com/pdf/formations_gz_web.pdf

Renseignements et infos pratiques sur www.gwinzegal.com


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OHIO by ALEC SOTH and BRAD ZELLAR



J'ai récemment reçu ce très beau projet d'Alec Soth et Brad Zellar, publié par Little Brown Mushroom, la maison d'éditions créée par Soth il y a quelques années. 

Sobrement intitulé "Ohio", ce journal monochrome de 48 pages fait parti du projet "Looking for America" impulsé et soutenu par l'Agence Magnum, et est la suite logique du blog magnumohio, alimenté ces derniers jours par Soth et Zellar.






Soth et Zellar ont traversé l'Ohio dans tous les sens pendant une semaine, se rendant dans villes minuscules, dans des bars, des clubs ou des églises, à la rencontre des habitants de cet état du Middle West.

Fabriquée seulement une semaine après leur retour à Minneapolis (où Soth a son studio dans une banlieue proche), cette édition est un bel hommage à une région rurale en pleine mutation qui continue de subir les effets néfastes des crises financières mondiales. 






L'utilisation systémique du flash dans des prises de vues en noir et blanc, largement travaillées en nuances de gris, donne à l'ensemble une vraie cohérence graphique, qui permet, compte tenu de ce parti pris plastique, de sortir des clichés d'une Amérique rurale éternelle.
Certes, Soth choisit de photographier "l'exceptionnelle" banalité de cet état accroché à son passé rustique, mais le fait avec un regard à la fois amusé et sincèrement curieux et empathique. 

Chaque photographie est accompagnée d'un texte ou d'un court entretien mis en forme par Brad Zellar. 

Un duo photo/image qui fonctionne ici parfaitement. 








Le journal est tiré à 2000 exemplaires et coûte 18 dollars + port.


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