Les premières pages donnent tout de suite le ton : Collection est une revue ouverte, drôle, sans barrières de genres ou d'horizons. La parole des auteurs-dessinateurs prime sur le reste et les entretiens permettent de pénétrer l'univers personnel de chacun des artistes au sommaire.
Avec leurs propres mots, ces artistes parlent librement de leur travail, leurs influences, et reviennent sur les procédés qui guident leurs créations. Les échanges sont directs et permettent aussitôt de pénétrer les univers singuliers des interviewés.
Bien sur, les travaux présentés dans ce deuxième numéro ne m'interpellent pas tous au même degré, et pourtant, si je m'arrête sur la revue dans son ensemble, j'y vois des choix éditoriaux variés mais toujours pertinents, un pari risqué que l'équipe éditoriale a su relever sans soucis.
C'est d'ailleurs l'une des forces de cette revue : à la lecture, on ne se sent pas submergé par l'étalage d'un savoir référencé accessible aux seuls passionnés et "experts" du genre. Au contraire, Collection se veut une revue exigeante en ce qu'elle présente des travaux tout à fait intéressants, chargés d'un quelque chose qui ne laisse pas indifférent, mais dont l'ensemble reste simplement accessible.
Bien sur, les travaux présentés dans ce deuxième numéro ne m'interpellent pas tous au même degré, et pourtant, si je m'arrête sur la revue dans son ensemble, j'y vois des choix éditoriaux variés mais toujours pertinents, un pari risqué que l'équipe éditoriale a su relever sans soucis.
Si le début des entretiens n'est pas toujours évident, cette forme de partage autour du travail de création laisse place à l'imprévu et rend les échanges dynamiques, captivants parfois. L'équipe de Collection s'efface complètement pour laisser les artistes s'exprimer au point même que certains entretiens se font en leur totale absence : Ainsi, Antonio Gallego, Éric Watier et Jean-Jacques Dumont sont invités à discuter autour de la thématique du multiple dans l'art et l'édition, et livrent sur plus de 7 pages un échange croisé stimulant.
Au-delà des entretiens, il faut aussi relever ce que la revue donne à voir. Ce numéro plonge le lecteur dans des univers graphiques improbables, à l'image des peintures de Jean-Xavier Renaud, artiste-conseiller municipal basé sur le Plateau d'Hauteville, qui vit entouré de ses chiens et dessine "n'importe comment, comme ça vient", ou encore des dessins au carbone de Double-bob, qui vit, lui, en pleine forêt. On relèvera aussi l'univers graphique de Yuichi Yokoyama, qui invente des personnages protéiformes subtils et magnifiques, ou encore le travail de Masist Gul, dessinateur Arménien oublié en son temps et que deux éditrices allemandes viennent de publier sous la forme de six volumes.
En somme, Collection donne la parole aux artisans d'un medium silencieux et permet de dépasser la lecture première et évidente de certains travaux. Les entretiens nous rapprochent des artistes et laissent entrevoir la façon dont ils travaillent en amont des produits finis qui les caractérisent. L'éditorial indique que "tout montrer (du dessin contemporain) est une entreprise périlleuse", aussi, sans contredire ses propos, on pourra ajouter que ce second numéro est bien loin de tout montrer (est-ce seulement possible?) mais qu'il donne à voir un spectre large de ce medium singulier.
S'il fallait néanmoins leur adresser une critique, je crois qu'elle porterait justement sur les entretiens, car, en effet, c'est autour de ces prises de paroles qu'est construit la revue, une attention particulière doit donc leur être accordée. La plupart des échanges ont en effet eu lieu par mails, et sauf exception (pour Killofer notamment), tout le monde s'est relativement plié à l'exercice. L'équipe de Collection est composée de dessinateurs, ce qui donne une certaine fraicheur à l'ensemble, loin des questions toutes prêtes ou alambiquées des spécialistes et autres journalistes du secteur. De plus, le travail de correction a permis de lisser les réponses et de proposer des textes qui ont leur propre dynamique. Malgré tout, j'ai l'impression qu'on ne retrouve pas la spontanéité qui existait dans le premier volume (je pense à l'entretien avec Ruppert & Mulot entre autre), et qui donnait à la revue un cachet particulier, voir inédit.
Un échange de mails ne pourra jamais remplacer une véritable rencontre, même si ce mode d'entretien permet des réajustements immédiats et une plus grande ouverture sur des travaux lointains.
Dans tous les cas, la revue se lit bien et on en apprend beaucoup sur des artistes aux univers bien distincts. Une lecture qui donne envie de faire des choses et d'aller voir ce qui se trame chez tous ses auteurs.
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Les frais de port sont offerts durant tout le mois de mai, et la revue est intégralement traduite en français/anglais. Les amis Canadiens seraient par exemple tout à fait inspirés de soutenir cette initiative qui est réalisée, je le précise, par une équipe entièrement bénévole.
ps: désolé pour la piètre qualité des photos et cette coloration rouge ! Je vais prochainement investir dans du meilleur matériel...
2 commentaires:
c'est bon j'ai déjà lu la moitié de la revue avec toutes les photos posté sur DIARY
(MM, à quand ta revue sur la photographie ?? je te sens chaud là)
ahaha !!
une revue sur la photo ? c'est vrai, j'y pense... mais il faut du monde !
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