On en parlait récemment sur Paris : Des anti-pubs sont passés à l'action dans le métro en dégradant un tiers des écrans de pubs qui pullulent dans les stations à forte affluence.
On est sans doute beaucoup à avoir eu envie un jour (moi, tous les jours) de mettre un bon coup de pied dans ces écrans, sans jamais oser le faire (nous sommes des lâches...).
Merci aux anti-pubs donc !
Je reproduis ici un court entretien de Nicolas Hervé, membre de l'association Résistance à l'Agression Publicitaire (R.A.P.) avec Libération :
Comment réagissez-vous aux dégradations commises par le collectif Danger EcranPub?
Nous nous félicitons que des gens s'intéressent à cette problématique, même si nous sommes en désaccord sur le mode d'action utilisé. Notre association refuse de pratiquer des actions illégales: nous agissons en apposant des post-its, en faisant des «jonchées» de personnes devant des panneaux, etc. Nous cherchons à sensibiliser les gens d'une autre manière.Mais ces dégradations sont symboliques et permettront peut-être de mobiliser la société civile sur cette question. Pour l'instant, la RATP - comme les élus - refuse de communiquer sur le sujet et verrouille tout débat. Or, il s'agit d'un sujet de société qui doit être débattu: souhaitons-nous ou pas être envahis par la publicité dans l'espace public?
Pourquoi ces écrans posent-ils problème?
D'abord, ils contiennent un «capteur» qui permet, en la filmant, d'analyser par exemple le sexe et l'âge d'une personne. Cela permet à la régie publicitaire de déterminer le type de personnes fréquentant tel endroit à tel horaire, pour mieux cibler la publicité diffusée. Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, déclare avoir désactivé cette technologie, mais personne ne peut s'en assurer (1).Ces écrans posent aussi un problème démocratique. Ils ont été installés de manière unilatérale par la RATP, alors que les couloirs du métro sont un espace public. 80% des Français se disent contre ce type de publicité (voir ce sondage, ndlr). Les élus doivent faire pression sur la RATP pour qu'elle arrête d'utiliser ces dispositifs, d'autant plus que la RATP est financée pour moitié par nos impôts!Mais plus globalement, ces écrans impliquent un pas de plus dans l'agression publicitaire que nous vivons tous au quotidien. En Angleterre, on trouve maintenant des écrans au bord des routes qui proposent des publicités adaptées à votre marque de voiture, en analysant le numéro de votre plaque d'immatriculation! Veut-on aller vers cela?
Ces écrans rapportent-ils beaucoup d'argent à la RATP?
Personne ne le sait. La RATP refuse de diffuser cette information. Elle déclare que ces écrans lui rapportent environ 100 millions d'euros. Mais le problème, c'est que Métrobus, qui vend les espaces publicitaires aux annonceurs, annonce le même chiffre d'affaires, comme s'il ne se faisait pas de marge.On pense donc que la RATP gonfle ses chiffres de bénéfices. La RATP pourrait se passer de publicité, car le bénéfice total de la pub ne représente que 2% de son budget total. Nous demandons donc à ce que la publicité soit supprimée du métro. A Stockholm, le métro est entièrement sans pub, avec par contre, des œuvres d'artistes: c'est possible!
Quelles sont les solutions pour lutter contre la publicité dans le métro?
L'association RAP propose un kit individuel pour sensibiliser les gens au problème. Le kit propose un dépliant à diffuser auprès de ses proches, des affichettes à apposer avec du scotch dans les couloirs du métro, etc. Mais nous incitons à envoyer des lettres à Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, pour l'alerter sur le sujet: il a toujours refusé de s'exprimer publiquement.Il faut faire pression sur les élus et le monde politique. Si aujourd'hui la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) doit être prévenue et valider chaque dossier avant l'installation de ce type de dispositif, son discours n'est pas clair. Il laisse place à un vide juridique qui permet aux publicitaires de poursuivre le déploiement des écrans.
(1) «Le mobilier numérique installé dans le métro-RER n'est pas équipé de capteurs faciaux», répond Métrobus. «Il n'y aucun système de comptage ou de mesure d'audience à l'intérieur du mobilier», assure la régie.
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