FOREPLAY by YVES DRILLET, MARTIN BACHELIER, GABRIEL HABERLAND, ANTOINE ET PIERRE SEITER

Bartolomé a eu la sympathie de m'envoyer, en plus du Kikifruit, un exemplaire de FOREPLAY, zine collectif signé Yves Drillet, Martin Bachelier, Gabriel Haberland, Antoine et Pierre Seiter.

Ce fanzine de 32 pages a été conçu en parallèle d'une exposition aux Beaux-Arts de Rennes, les cinq contributeurs y sont effectivement tous étudiants.

Yves, qui a déjà publié plusieurs fanzines chez Kaugummi, a accepté de répondre à quelques questions au sujet de cette édition. Nos échanges ont eu lieu par mail :

Peux tu me parler dans un premier temps du projet initial qu'est FOREPLAY ? Comment est né ce projet ?

Foreplay c'est Martin Bachelier, Gabriel Haberland, Antoine et Pierre Seiter ainsi que moi même. Nous sommes tous étudiants et amis aux Beaux Arts de Rennes. On s'est rencontrés dans le labo de l'école, on regardait les mêmes trucs, on trainait aux mêmes soirées.. Un exemple qui en dit long, quand un prof en amphi nous avait dit qu'il avait emmené des bouquins originaux de Ruscha, on a été les seuls abrutis à venir tremblotant à la fin du cours admirer les 9 piscines et le verre cassé. 

Donc en gros on a des pratiques différentes, mais avec le même attachement à la photographie ancré dans la réalité, hérité à la fois de la photo documentaire américaine et et plus tard de toute la génération "diary", Tillmans, Goldin, McGinley. Je tiens à souligner que c'est très rare en école d'art en France qu'un groupe de mecs se retrouvent dans ces références là : la plupart des gens sont encore dans des stéréotypes "photo plasticienne", ou encore "on peut pas faire de la photo et de la mode etc...".

Donc on a eu envie de faire quelque chose pour marquer le coup dans l'école, Je connaissais Bartolomé puisque on a déjà bossé ensemble pour deux zines publié chez Kaugummi, et on s'est dit que c'était un interlocuteur cool pour changer un peu des profs de photos qu'on voit tout le temps, et que ça allait donner un autre statut à notre expo de pouvoir la prolonger dans un zine. Bartolomé était ok et le projet s'est lancé comme ça ! On a lancé cette idée en octobre dernier.

 

Le zine a donné lieu à une expo aux Beaux-Arts, ou est-ce plutot l'expo qui a donné lieu à ce zine ? 

Le zine a été considéré comme une sorte de catalogue de l'expo, il l'a complète en quelque sorte, on a prévu ça comme un ensemble.

Les gens qui sont publiés avec toi, qui sont ils ? Ce sont aussi des étudiants des Beaux-Arts ou des amis à toi en général ?

Les deux, comme je le disais plus haut. Mais bon ce qui est super c'est qu'on est pas tous à faire la même chose sinon je pense qu'on ce serait déjà tous engueulés. Martin fait des snapshot de soirées, qui deviennent des sortes de portraits imbibés d'alcool, quelque chose d'assez proche de Reza Nader que j'adore. Gabriel fait de la sculpture et ça se sent dans ces photos, essentiellement paysages et natures mortes qui deviennent des géométries surpuissantes. Antoine est dans un travail de portrait assez intimiste avec une réflexion intéressante sur l'image et la photo, et puis il y a son petit frère qui est arrivé cette année à l'école et qui est en train de tous nous baiser et nous dépasser avec un travail où l'ésthétique photographique est hyper remise en question, il change toutes les semaines de maître en ce moment c'est Moriyama.

Pourquoi avoir publié ça avec Bartolomé et pas vous-mêmes ? Comment ça s'est passé avec lui ? Il avait un droit de regard sur ce que vous proposiez ou c'est lui qui a géré la sélection des images et le séquençage ?

Bart été super occupé (comme d'hab ! ) mais il a géré la sélection et la mise en page du bouquin, suite à une sélection de photos que chacun avait fait dans son coin. Ensuite pour les tirages on a fait les choix nous-mêmes par rapport à ce qu'il y avait dans le zine, et il a validé l'histoire. Enfin il y a une vidéo, où l'on passe nos négatifs sur une table lumineuse, une sorte de diaporama où l'on sent toute l'importance quasi fétichiste donné au négatifs ! 

Le regard de Bartolomé était vitale, parce que il a un œil extérieur, il connait bien notre travail et il le replace bien dans la photo et le livre d'artiste contemporain.

Ce zine m'avait déjà interpellé au moment de son lancement à l'automne dernier, cette couverture rouge me faisait penser au Brésil (où je ne suis jamais allé bien sur).

L'editing se tient parfaitement, et si individuellement certaines photos font penser à un travail quelque peu "déjà-vu", l'ensemble est loin d'être à considérer comme celui d'étudiants passablement inspirés par quelques "maitres". 

On peut au contraire apprécier le fait que le fanzine, en temps que façon d'exposer de la photo, puisse permette ce genre de projets collectifs.

Le zine coûte 9 euros et s'achète ici.

Quelques uns des photographes de FOREPLAY ont également publié un autre zine : Premier en Sport et en Chant.

Je ne l'ai pas encore vu mais par contre, je sais qu'il est encore disponible sur le site du collectif pour seulement 4 euros.